Mi-novembre 2021 : cela fait maintenant plus d’un an que Gaëtan s’est blessé après une…
Début juillet 2020, une chute en escalade m’aura valu une fracture qui me tiendra éloigné des voies pendant de longs mois. Je vous partage ici mon expérience et ce que j’en ai retenu, avec l’espoir de vous éviter ce genre de situation… et pour apporter un petit soutien à tous ceux qui se sont également blessés en escalade (ou dans tout autre sport !)
Les circonstances de l’accident
Découverte de l’escalade sur granit
Par une belle journée de juillet, nous avons décidé d’aller initier les parents d’Audrey à l’escalade en voie naturelle, sur un secteur que nous ne connaissons pas mais qui se trouve être proche de Lyon. Cap sur le site de “Jardin”, au sud de Vienne, un secteur de granit ombragé relativement peu connu. Le but de la journée : grimper quelques voies tranquilles avant d’aller déjeuner à Vienne.
Le coin est sympa et tout se passe bien. C’est la première fois que nous grimpons sur du granit et nous devons nous habituer à de nouvelles sensations. Mais nous arrivons à nous débrouiller, en grimpant dans des cotes assez confortables pour notre niveau. Les parents d’Audrey font quelques voies puis arrêtent, complètement occis des avant bras (normal !). De notre côté, nous enchaînons sur une voie supplémentaire, d’un niveau un peu plus élevé. Je ne trouve pas ça facile : l’escalade se fait à partir de petits gratons, tout en adhérence. Grimper en tête alors qu’on est pas sûr de ses pieds apporte son petit lot de stress ! Cependant, je me fais peu à peu à la roche et je sors la voie à vue. Audrey enchaîne ensuite en moulinette et semble beaucoup plus à l’aise que moi sur ses appuis.
Alors qu’elle redescend, nous hésitons : est-ce qu’on s’en fait une petite dernière ? L’envie d’aller se poser au restau est grande, mais bon, on n’a quand même pas encore fait grand chose… Nous décidons donc de nous lancer dans une petite dernière voie simple, un 6b qui se transforme en 5a en utilisant le dièdre. Allons-y !
La chute
Je m’élance et le début se passe plutôt bien. Il est vrai que le dièdre aide bien ! J’arrive au troisième point et repère le quatrième. Mmmmhh… il me semble un peu éloigné, mais je me dis que s’il est placé là, c’est qu’il n’y a pas trop de risque, mis à part celui de prendre un gros plomb. Je progresse puis arrive à me mettre en équerre dans le dièdre juste sous le point. Malheureusement, il me manque encore quelques centimètres pour pouvoir poser ma dégaine. J’essaye d’étendre la bras au maximum mais suis proche du déséquilibre, je ne suis vraiment pas à l’aise avec mes appuis.
Après de longues minutes passées à tergiverser, je me décide à monter encore un peu. Je me lance dans un dülfer hasardeux dans la faille, à l’angle du dièdre. Je monte les mains, pose le pied sur la paroi en adhérence et l’autre dans le dièdre pour retrouver une position d’équerre, puis me redresse. Le point se retrouve ainsi au niveau de mon baudrier.
Et là, c’est le drame : je sens que je suis déséquilibré vers la gauche, je “prends la porte” comme on dit dans le jargon. En gros, mon pied gauche rippe et c’est la chute. Je vois la corde passer devant moi, je me dis que je vais prendre un gros plomb. J’attends l’impact. Au moment où je touche la paroi, j’essaye d’amortir au max mais une douleur intense saisit mon pied gauche. La douleur me donne la nausée, je pousse un cri puis je suis retourné, mon casque heurte la paroi, je suis retourné à nouveau puis j’atterris dans mon baudrier. La douleur au pied gauche est intense. Audrey me descend, tout le monde est sous le choc.
On enlève mon chausson d’escalade, mon pied est déjà énorme et bien bleu. Je m’en veux terriblement d’avoir chuté et de m’être fait mal… je comprends tout de suite que cela va nous pourrir la journée. D’autres grimpeurs, adorables, nous aident à descendre les dégaines que j’avais laissées. Nous remballons nos affaires en vitesse, et Audrey et ses parents se relaient pour que je puisse m’appuyer sur deux personnes pour rejoindre la voiture, qui est à quelques centaines de mètres. Mais le terrain est accidenté et je suis bientôt obligé de m’appuyer sur des branches de bois pour remonter le chemin de terre. J’ai le malheur de poser le pied gauche par inadvertance… la douleur est horrible. Je parviens finalement à la voiture en nage. Cap sur les Urgences !
Après la chute, l’heure du verdict
Je suis rapidement pris en charge. La douleur est supportable, mais je suis très inquiet. Ça ne sent pas bon… Lorsque je décris au médecin que j’ai fait une bonne chute de 5-6 mètres, elle est étonnée que je n’ai rien d’autre. C’est déjà ça !
Après cette première consultation et de longues heures d’attente, je passe une radio, puis un IRM. Le verdict tombe : fracture du calcaneum (l’os du talon) avec atteinte des cartilages entre cet os et le talus. J’en ai pour minimum 2 mois d’arrêt complet sans pouvoir poser le pied par terre. Et qui sait combien de mois de rééducation ! Pour moi qui ne me suis quasiment jamais blessé, la sanction est dure…
Ce que je retiendrai de cette chute d’escalade
Plusieurs facteurs ont mené à cette malencontreuse chute. La malchance en est un, mais je me rends compte avec le recul qu’il y a tout de même des choses que nous aurions pu mieux faire.
Mieux communiquer
Après un long moment sans bouger, à hésiter, j’aurais dû prévenir Audrey que je me remettais en action et que je tentais un mouvement hasardeux. La voie était facile sur le papier, Audrey était entourée de ses parents… On est tous humains, sa concentration avait forcément décliné. Elle a été surprise par ma chute, et cela n’aurait pas été le cas si j’avais mieux communiqué.
Ne pas écarter le risque
J’aurais dû écouter mon instinct et mieux évaluer le risque à son juste niveau. Je ne suis pas quelqu’un qui fuit spécialement la chute, mais là, je ne le sentais vraiment pas. Je savais que j’étais loin du dernier point et que la chute dans ce type de voie qui alterne passages verticaux et dalle pouvait être compliquée. Alors que j’aurais dû revenir en arrière, je me suis finalement dit que ce n’était qu’un 5a et que la chute faisait partie de l’escalade sportive… Je n’aurais pas dû écarter les informations pourtant pertinentes dont je disposais sur le risque encouru !
Analyser le style de la voie
J’ai en fait tenté un mouvement qui n’était pas logique par rapport au style de la voie. En effet, ce mouvement comportait un certain nombre d’incertitudes alors que ce style de grimpe nécessite beaucoup de finesse. J’ai écarté mon bassin de la voie, ce qui a contribué à me déséquilibrer et à me faire chuter plus lourdement sur la paroi. De plus, il ne me manquait que quelques centimètres pour clipper à bout de bras en étant stable : pourquoi chercher à gagner un mètre ?
Face à la nouveauté, progresser en douceur
Enfin, certainement j’aurais dû y aller plus graduellement. En effet, je ne connaissais pas cette roche, je ne me sentais pas à l’aise et je portais des chaussons que je n’avais encore utilisés que 5 ou 6 fois. Autant de facteurs qui rendaient mes appuis plus hasardeux, et de raisons pour rester humble vis-à-vis des cotations !
BILAN
Finalement, quelques petites erreurs de jugement m’auront coûté bien cher. Une leçon que je ne suis pas prêt d’oublier ! Et qu’il vaut d’ailleurs mieux recevoir dans ces circonstances plutôt qu’au beau milieu d’une grande voie, loin d’un hôpital… Prochaines étapes : l’attente emplâtrée suivie d’une longue et lente rémission, qui n’est pas encore totalement finie à l’heure où j’écris (mars 2021). Mais ça, je vous en parle dans un prochain épisode !
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