skip to Main Content

 

Certes, la vue derrière moi est splendide. Mais le temps commence à me sembler bien long, seule au milieu de la paroi, avec je ne sais combien de mètres de vide juste en dessous, et encore quelques longueurs à grimper. J’ai beau savoir que le système d’accroche est fait pour ça, à force d’attendre, ma situation – accrochée au relais avec à peine de quoi poser mes pieds – me semble de plus en plus précaire. Gaëtan, qui attend que de la place se libère au relai suivant pour m’indiquer de le rejoindre, n’est plus visible depuis longtemps.

Je commence à ne plus réussir à penser qu’à ma soif lorsque deux grimpeurs sur une voie parallèle, un peu plus loin à ma droite, viennent m’offrir une distraction. Quelque temps plus tard, Gaëtan me crie quelque chose. Je réponds par un très élégant “QUOI ?” pour marquer mon incompréhension. Mon voisin de droite me transmet le message (en gros : on est toujours coincé), avant de lancer à son second, en-dessous : “Nan rien, je parlais à la cordée d’à côté !”… ça alors – je fais partie d’une cordée ! C’est bête, mais ça me redonne le sourire. On n’est pas si mal ici finalement.

Juin 2019, escalade au-dessus du Col des Félines, Verdon

Escalade dans le Verdon : et les débutants, alors ?

Vos camarades de grimpe planifient un weekend dans le Verdon, et vous vous demandez si vous serez capable de suivre ? Vous avez envie de vous initier à la grande voie dans la Mecque française de l’escalade sans vous lancer dans des cotations qui vous mettraient en grande difficulté ? Pas de panique, c’est tout à fait possible ! Ne vous privez pas plus longtemps d’un weekend d’escalade dans cet endroit magnifique, qui malgré sa réputation permet aussi de grimper facile.

La preuve : avec très peu d’expérience en extérieur, zéro grande voie à mon actif, et une grosse année seulement de pratique en salle, j’ai passé 3 jours très agréables sur place. Voici notre retour d’expérience – si vous cherchez une liste des voies faciles du secteur, allez plutôt par ici.

Lac de Sainte-Croix

Une falaise facile pour s’entraîner en couenne

Après notre arrivée la veille au soir à la Palud-sur-Verdon, pour notre première journée complète sur place, il est grand temps d’aller tâter la falaise ! Puisque je n’ai pas grimpé en extérieur depuis l’été précédent, nous décidons de commencer doucement. Ensuite, en fonction de nos sensations, nous verrons si nous tentons notre première grande voie.

Escalade facile dans le Verdon : la falaise école du col d’Ayen

Direction donc le col d’Ayen, avec son site de voies courtes (20m maximum), allant du 5b au 6b, en dalle ou vertical. Belle première surprise : malgré un dimanche ensoleillé, nous n’y rejoignons qu’un groupe de 4 personnes seulement. L’ambiance sera donc calme toute la journée. Il faut croire que les grimpeurs du coin préfèrent s’attaquer à de plus gros morceaux !

La vue sur les gorges du Verdon est sympathique, et le soleil est de la partie. Nous découvrons un rocher de très belle qualité, des voies intéressantes, bien équipées et variées, avec quelques passages patinés. Nous augmentons le niveau en douceur, d’autant que la chaleur devient vite écrasante.

Au bout de quelques heures, nous sommes tous les deux satisfaits de nos efforts et décidons qu’il est grand temps de rentrer au village. Nous y fêterons entre autres mes premiers 6a enchaînés en extérieur (en moulinette, certes, chaque chose en son temps) et la perspective de la grande voie à venir !

Grande voie facile Verdon

Photo ©Camptocamp

Accès à la falaise

Une fois garé au parking du Col d’Ayen, remonter la route 2 minutes (en direction de La Palud) jusqu’au niveau d’une maison (un gîte je crois) au bord de la route. Prendre en face (sur la droite) un chemin qui traverse la pinède (vous y verrez un terrain de bivouac), et descendre quelques minutes en suivant les cairns. Un petit passage de désescalade vous mettra en jambes. Et voici un lien pour les infos supplémentaires.

Une alternative pour grimper facile en couenne 

Un autre site de couenne dans le Verdon est la falaise de Valaute, que nous n’avons pas eu le temps de tester.

Une grande voie facile pour s’initier : “L’arête de la patte de chèvre”

Deux jours plus tard, c’est le grand jour : nous nous lançons dans notre première grande voie ! Ce sera “L’arête de la patte de chèvre”, au col des Félines : 150m d’escalade, pour 7 longueurs cotées entre 4c et 5b+.

Un conseil : arrivez tôt !

Première erreur de notre côté : nous pensions avec optimisme qu’un mardi hors vacances scolaires, nous ne risquions rien du point de vue de la foule. Nous sommes donc arrivés la fleur au fusil vers 10h au pied de la voie (la marche d’approche nous a pris environ 40 minutes), pour découvrir qu’en plus des deux groupes qui étaient déjà sur la voie, un autre attendait que ces derniers avancent pour pouvoir se lancer à son tour. Commence alors une longue attente qui ne fera rien pour nous aider à nous détendre… D’autant que nous savons devoir prendre la route pour retourner sur Lyon le soir même !

Retour d’expérience

Enfin, tout vient à point à qui sait attendre : c’est parti pour notre première grande voie ! La première longueur est très facile et nous met à l’aise. En revanche,  nous nous rendons rapidement compte que nous n’échapperons pas à de longues pauses à chaque relais, le temps que la suite se dégorge.

Viennent ensuite plusieurs longueurs plus exigeantes, mais toujours très bien équipées. Ce qui évite à Gaëtan, qui fera toutes les longueurs en tête, de trop s’engager. Aucun souci majeur sur cette voie, mais je suis loin de randonner. Pourtant, les cotations sont théoriquement largement à ma portée. C’est la preuve que nous avons bien fait de voir large pour commencer en grande voie !

D’ailleurs, le fameux groupe qui nous ralentit depuis le début a l’air bien en peine sur certains passages. Il faut dire que la sensation de vide est par endroits difficile à occulter. “Il y a du gaz” comme on dit dans le jargon !

La voie comprend de belles longueurs variées, toujours dans une roche bien sculptée, et adhérente cette fois-ci. Nous franchissons des passages en crête, en dalle, une traverse, une cheminée, un dièdre… il y a de quoi s’amuser ! Les efforts passés, nous finissons sur une longueur plus facile et profitons pleinement de la vue sur le lac de Sainte-Croix. 3h plus tard que prévu peut-être, mais très heureux de l’avoir fait !

Cerise sur le gâteau : contrairement à beaucoup de grandes voies du secteur, il n’est pas nécessaire de redescendre en rappel, car un chemin ramène assez rapidement en bas de la voie. Cette voie a donc tout ce qu’il faut pour les débutants en falaise, ou pour échauffer les grimpeurs plus expérimentés en début de séjour – ce qui explique sans doute sa fréquentation.

Arête de la patte de chèvre Verdon

Tentés par cette grande voie facile dans le Verdon ? Pour plus d’infos pratiques, rendez-vous par là : l’arête de la patte de chèvre.

Parapente et randonnée pour varier les plaisirs

Si vous avez bien suivi (sinon, on ne vous en veut pas), vous aurez remarqué que nous n’avons pas grimpé pour notre 2ème jour sur place. C’est que le Verdon offre bien d’autres alternatives qu’il est dommage de ne pas envisager ! Surtout si, comme nous, vous n’avez pas encore assez d’expérience pour tenter les voies les plus mythiques du secteur. 

S’initier au parapente et atterrir sur les berges du lac de Sainte-Croix

Pour nous, ce fut d’abord un baptême de parapente au-dessus du lac le matin pour Gaëtan. Je n’ai assisté qu’à son arrivée, mais son grand sourire m’a tout de suite rassuré sur le succès de l’activité ! Le moniteur l’a laissé manoeuvrer un moment en constatant son envie d’apprendre. Il l’a même embarqué dans une session de voltige aérienne impressionnante de mon point de vue de simple spectatrice. Si cela vous tente, nous vous invitons donc à contacter Roc’n’Vol pour vous lancer !

Une rando dans les gorges du Verdon

L’après-midi, direction les gorges pour une randonnée chaudement recommandée par le gérant du camping, René (“Si vous voulez mon avis, il faut être sacrément couillon pour venir ici et ne pas faire le sentier Blanc-Martel”).

Ce sentier est un tronçon du GR4, qui relie l’Atlantique à la Provence. Après une descente jusqu’au pied des gorges, nous remontons la rivière sur un chemin qui abandonne progressivement la forêt.  Nous arrivons dans des espaces plus dégagés, qui permettent de mieux contempler les falaises. En ce début de juin, nous avons la chance d’avoir la floraison de notre côté, et profitons d’une balade colorée. Malheureusement, nous n’avons pas le temps de parcourir le sentier en entier avant la tombée de la nuit. Nous faisons donc demi-tour, mais les quelques heures passées sur le sentier nous ont convaincu qu’effectivement, comme le disait René, c’eût été dommage de passer à côté.

ESCALADE FACILE DANS LE VERDON : BILAN

S’imprégner de l’atmosphère pour renforcer sa motivation

Au fond, nous n’aurons pratiqué l’escalade que 2 jours dans le secteur. Et pourtant, nous aurons vraiment retiré des bénéfices de notre séjour en tant que grimpeurs. Ce fut d’abord une expérience sur un rocher différent de ceux dont nous avons l’habitude aux environs de Lyon. Nous avons également pu nous initier à la grande voie dans de très bonnes conditions.

Mais nous en retirons surtout une motivation plus haute que jamais pour continuer à progresser dans notre pratique de l’escalade. Nous savons désormais que nous voulons augmenter notre niveau technique et notre confiance en extérieur. Notre objectif : pouvoir accéder à plus de grandes voies, et aborder celles-ci de manière plus sereine. L’atmosphère de La Palud-Sur-Verdon, avec son bar post-grimpe dans lequel tout le monde se retrouve à la fin de la journée pour célébrer ses efforts sportifs (et ce dans toutes les langues) est particulièrement stimulante. C’est décidé, nous reviendrons un jour pour partir à notre tour à l’assaut de voies encore plus belles.

Et en attendant, direction le Périgord pour une session d’escalade en décembre !

 

 

En bref

A faire pour :

  • L’environnement : le coin est magnifique, la vue depuis les différentes voies toujours superbe
  • La qualité du rocher
  • L’atmosphère du lieu, à la renommée internationale pour l’escalade

Freins potentiels :

  • La chaleur et l’exposition au soleil sur les voies choisies
  • Le choix de voies faciles reste limité pour un plus long séjour

Cet article comporte 3 commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Back To Top