Suite de notre aventure de l’été 2022 sur le John Muir Trail ! Après 10…
Depuis notre tour du Queyras en 2019, Gaëtan et moi avions envie de découvrir de nouveaux sentiers de Grande Randonnée français. Après avoir reporté le projet pour cause de blessure en 2020, nous nous sommes tournés en 2021 vers un trek incontournable : le Tour des Écrins, ou GR54. On vous livre un aperçu du voyage !
Le tour des Écrins (GR54) : quelques informations pratiques
Le tour des Écrins en quelques mots
Le massif des Écrins fait rêver bon nombre de randonneurs et d’alpinistes. Haut lieu de la haute-montagne, son cœur enneigé rend la traversée impossible aux simples randonneurs.
Le GR54 prend donc le parti d’en faire le tour. À cheval entre l’Isère et les Hautes-Alpes, le sentier fait également le tour d’un autre massif : l’Oisans. D’où son nom complet de « Tour de l’Oisans et des Écrins ».
Découpé en 13 étapes officielles (avec plusieurs variantes), il peut se réaliser plus rapidement selon votre forme physique.
Itinéraire et trace GPS de notre tour des Écrins
En ce qui nous concerne, nous ne nous sommes pas mis de pression sur notre date d’arrivée en amont du tour. Nous avons simplement adapté nos étapes au jour le jour en fonction de nos envies.
Au final, avec les quelques variantes prises, ce sont 203 km et 13 100 mètres de dénivelé positif que nous avons parcourus en 11 jours :
- De Bourg d’Oisans au Col de Sarenne (16,5 km et 1 280 m D+)
- Du Col de Sarenne au Plateau d’Emparis avec la variante du lac Noir (15 km et 1 160 m D+)
- Du Lac Noir à L’Alpe du Villar d’Arène (22 km, 1 060 m D+)
- De l’Alpe du Villar d’Arène au Col de l’Eychauda (19 km et 1 050 m D+)
- Du Col de l’Eychauda à Entre-les-Aigues (24 km et 730 m D+)
- D’Entre-les-Aigues au refuge du Pré de la Chaumette (13 km et 900 m D+)
- Du refuge du Pré de la Chaumette à La-Chapelle-en-Valgaudemar (24 km et 1250 m D+)
- De La Chapelle-en-Valgaudemar au refuge des Souffles par la variante du Pas de l’Olan (17 km et 1 780 m D+)
- Du refuge des Souffles au carrefour de Valsenestre (21 km et 1 670 m D+)
- Du carrefour de Valsenestre au lac de la Muzelle (8 km et 1 260 m D+)
- Du lac de la Muzelle à Bourg d’Oisans (19 km et 510 m D+)
Difficulté du tour des Écrins
Le tour des Écrins est un projet pour randonneurs sportifs ! La longueur de l’itinéraire, les dénivelés importants et la technicité du terrain ne sont pas à prendre à la légère.
Pour vous donner une idée, les dimensions du trek sont comparables à celles du GR20 (la traversée de la Corse). Attendez-vous donc à un effort physique important ! Ceci dit, avec un peu de préparation, il reste accessible à n’importe quelle personne motivée.
Logistique sur le tour des Écrins : eau, ravitaillements, bivouac
Côté logistique, le GR54 bénéficie des atouts des GR de France : un balisage clair et fréquent, des refuges réguliers et suffisamment de trafic sur le sentier pour ne jamais se sentir en danger.
L’eau et les options de ravitaillement ne manquent pas non plus. Comme toujours, le filtrage de l’eau est recommandé par précaution (le GR54 passe par de nombreuses zones d’alpage).
Rien à signaler non plus coté bivouac : la pratique est tolérée et les spots de qualité ne manquent pas. Il faut simplement vous attendre à partager : vous ne serez jamais bien seuls ! Seule vraie déception du trajet : le bivouac du neuvième jour, à Valsenestre. Bons citoyens que nous sommes, nous avons respecté la réglementation sur place en nous dirigeant vers la zone de camping autorisée. Résultat : 20 minutes de marche supplémentaire (à refaire le lendemain) pour découvrir un spot tout simplement dégueulasse…
Partie nord : les panoramas mythiques du tour des Écrins
Jour 1 : de Bourg d’Oisan au Col de Sarenne
Départ tardif en ce premier jour (nous avons fait la route le matin). Disons-le tout de suite : la première étape du GR54, au départ de Bourg d’Oisans, n’a strictement aucun intérêt. Le tracé nous fait monter un long moment dans la forêt, juste à côté de la route, qui en ce samedi d’été est très fréquentée. L’Alpe d’Huez, sur la montagne d’en face, est le paradis des motards… En bref, l’après-midi a été très bruyante.
Temps fort de la journée : la vue du Taillefer à un endroit plus dégagé nous rappelle la superbe ascension réalisée quelques semaines plus tôt.
Nous ne poussons pas très loin et nous arrêtons avant la fin officielle de la première étape (à Clavans-le-Bas en théorie), un peu avant le col de Sarenne. Qu’importe, puisque la météo est avec nous et que nous retrouvons avec plaisir les joies du bivouac !
Jour 2 : du Col de Sarenne au Lac Noir
Cette deuxième étape représente bien la moitié nord du tour des Écrins : des vues sublimes (la mythique Meije nous accompagnera toute la journée !), mais un environnement assez construit et des sentiers très fréquentés.
Au-delà de ça, la traversée du village typique de Besse-en-Oisans est très sympa ! C’est aussi l’occasion de déjeuner en terrasse ou de refaire son stock de nourriture à l’épicerie du bourg.
Nous nous lançons ensuite dans l’ascension vers le Plateau d’Emparis. Nous rencontrons déjà pas mal de monde à la montée, mais c’est une fois en haut que je déchante… En effet, le parking construit sur le plateau et le monde qu’il apporte gâche un peu la beauté époustouflante des lieux et du panorama.
Pour notre bivouac du soir, nous décidons de sortir du GR54 et de nous ajouter un peu de dénivelé positif (en même temps, on n’est pas à ça près !) en montant jusqu’au Lac Noir. Il y a foule ici aussi, mais l’endroit est vraiment sublime !
Jour 3 : du Lac Noir à l’Alpe-du-Villar-d’Arène
Une des plus belles étapes du parcours ! Pour commencer, la redescente du Lac Noir s’accompagne encore une fois d’une vue de rêve sur la Meije et ses voisines enneigées. Dans ce sens-là, on ne commence à croiser du monde que quelques heures après le départ, une fois que nous sommes partis du Plateau d’Emparis.
Après une longue descente, nous arrivons au village du Chazelet, dans lequel se trouve une épicerie. Nous décidons cependant de pousser jusqu’à la touristique ville de La Grave pour déjeuner.
Et la journée est encore loin d’être terminée ! Je vous passe les détails du parcours de l’après-midi pour en arriver à mon moment préféré de notre GR : l’arrivée en fin de journée à l’Alpe-de-Villar-d’Arène.
Nous y marchons sous la douce lumière du soir (c’est l’avantage des étapes à rallonge !), alors que les randonneurs à la journée sont partis des hauteurs. Et puis, l’endroit est tout simplement magnifique : à la confluence de plusieurs vallons, il laisse apercevoir le cœur du massif des Écrins et plusieurs plans de monts enneigés. De quoi donner une furieuse envie de se mettre à l’alpinisme !
Jour 4 : de l’Alpe-du-Villar-d’Arène au col de l’Eychauda
Cette quatrième étape est placée sous le sceau de la fatigue. En effet, nous sommes entamés par trois journées déjà sportives et n’avons pas encore pris le pli de ce rythme soutenu. Il faut dire aussi que la chaleur est de la partie, et que la cheville de Gaëtan (fragilisé par une blessure l’année précédente) le fait un peu souffrir.
Tout va bien en début de journée : les paysages au Col d’Arsine, puis sur la petite variante menant au Lac du Glacier d’Arsine font oublier les douleurs ! Mais Gaëtan commence à traîner la patte lors de la longue descente qui suit jusqu’au village du Casset. Moi-même plus en très grande forme, je ne dis rien, mais je commence à douter de nos chances de finir ce tour des Écrins… Nous n’en sommes encore qu’au début, arrivera-t-on à tenir le rythme ?
Gaëtan m’assure qu’il peut poursuivre pour le moment et nous nous dirigeons donc vers Le Monêtier-les-Bains, où nous ne nous arrêtons pas. Dernier effort de la journée, une nouvelle montée le long des pistes de ski de la station. Nous bivouaquons sous les télésièges, un peu avant le Col de L’Eychauda, espérant que la nuit soigne les maux !
Jour 5 : du Col de l’Eychauda à Entre-les-Aigues
Au matin, c’est la raison qui l’emporte : nous renonçons à la variante alpine vers le lac de l’Eychauda afin d’économiser nos forces pour la suite du GR. Choix que nous regretterons par la suite en écoutant le récit d’autres trekkeurs : apparemment, la variante est très dure techniquement, mais elle réserve l’une des plus belles vues du parcours…
De notre côté, cette cinquième étape est sans doute la moins intéressante de notre tour. Nous enchaînons les kilomètres, en grande partie sur de la route goudronnée. D’abord jusqu’à Vallouise (jolie petite ville bien animée), puis jusqu’au parking d’Entre-les-Aigues. Mis à part un ravitaillement au supermarché, rien à retenir de cette journée, qui a au moins le mérite de nous faire bien avancer sur le parcours. Nous avons en effet réussi à marcher 24 km, un record personnel !
Et nous nous sommes arrêtés au bon moment : à peine la tente installée qu’un énorme orage éclate. Nous sommes heureusement à un endroit sans risque. Pourtant, la violence du phénomène, qui dure toute la soirée et une partie de la nuit (avec force lumière et fracas !), ne nous met pas très à l’aise… Merci à notre fidèle tente pour sa robustesse !
Bon à savoir
Plusieurs des trekkeurs qui parcouraient le GR en même temps que nous ont choisi de faire du stop entre Vallouise et Entre-les-Aigues. Puristes que nous sommes, l’option ne nous a pas traversé l’esprit, mais si les passages goudronnés vous rebutent, n’hésitez pas ! |
Tour des Écrins : les montagnes russes du Sud sauvage
Jour 6 : d’Entre-les-Aigues au refuge du Pré de la Chaumette
Quel soulagement aujourd’hui de voir le ciel dégagé ! Le moral est bon : nous arrivons à peu près à la moitié du parcours. Nos corps se sont habitués à l’effort, la cheville de Gaëtan a à peu près pris le pli : nous nous sentons désormais capables d’aller au bout.
Et même si c’est maintenant que les choses (sous-entendu : les dénivelés) deviennent sérieuses, c’est aussi dans la partie la plus sauvage et la moins fréquentée du Tour des Écrins que nous arrivons. Si vous nous suivez un peu, vous vous doutez donc que c’est cette partie que nous avons préférée.
D’ailleurs, notre montée jusqu’au Col de l’Aup-Martin (point culminant du GR54, à 2 761 m d’altitude) reste l’un des meilleurs souvenirs du voyage. Elle démarre dans les alpages, où nous croisons troupeau de moutons, berger et patous, mais aussi un groupe d’ânes. On aperçoit de majestueuses cascades un peu plus haut, avant d’arriver dans des décors plus rocailleux. La dernière partie de la montée est un vrai test : un sentier très étroit, très raide, qui fait de petits lacets à flanc de montagne, sur des fragments de schiste glissants. Le genre de passage qui demande une concentration maximale !
Cependant, comme d’habitude, le jeu en vaut la chandelle : nous sommes récompensés par le panorama. Après avoir franchi le Pas de la Cavale, nous redescendons jusqu’au refuge du Pré-de-la-Chaumette, près duquel nous nous installons. Le temps est radieux et nous profitons avec délice d’une bonne trempette dans la rivière, avant de passer la nuit à la belle étoile (une première) !
Jour 7 : du Pré de la Chaumette à La-Chapelle-en-Valgaudemar
C’est une grosse journée qui nous attend aujourd’hui, avec le passage de trois cols ainsi qu’une longue (très longue) descente : 24 km, plus de 1 200 mètres de dénivelé positif et 1 900 mètres de dénivelé négatif, excusez du peu !
Heureusement, le Valgaudemar est une vallée magnifique. Les paysages sont moins impressionnants que ceux du Nord, mais ils gagnent en charme ce qui leur manque en flamboyance. Et puis, le Col de Vallonpierre fait quand même son petit effet ! Mention spéciale au déjeuner du refuge éponyme, qui fait sacrément du bien avant d’attaquer la descente.
Cette dernière est rude, d’autant que nous l’effectuons sous des températures caniculaires. C’est donc lessivés que nous nous arrêtons un peu avant La Chapelle pour une nuit bien méritée.
Jour 8 : de La Chapelle aux Souffles par la variante du Pas de l’Olan
Cette fois, nous ne prenons pas le risque de regretter le rejet d’une variante et nous lançons avec détermination vers le Pas de l’Olan !
Mieux vaut ne pas trop penser à l’ampleur de la tâche : avec près de 1 800 m de dénivelé positif à avaler, dont 1 700 d’une seule traite, c’est encore un record personnel qui pointe le bout de son nez. Toujours en plein épisode caniculaire, l’ascension jusqu’au refuge de l’Olan se révèle ardue mais agréable.
En haut règne une atmosphère de cathédrale. Le cirque de l’Olan nous replonge dans nos rêves d’alpinisme. Nous nous régalons au refuge (où la pause est vivement recommandée !) et finissons la montée au Pas de l’Olan dans la joie et la bonne humeur.
Un nouveau col plus tard, nous faisons une première tentative d’arrêt pour la nuit au joli lac Lautier… Malheureusement, des nuages de moustiques nous font replier tente et partir en courant. Cauchemardesque ! Nous poussons finalement jusqu’au refuge des Souffles, où nous arrivons éreintés à 20h15.
Jour 9 : des Souffles au carrefour de Valsenestre
Ça commence à sentir la fin de l’aventure ! Nous ne sommes pour autant pas au bout de nos efforts. Cette neuvième étape fait en effet à nouveau les montagnes russes. Après la montée du col de la Vaurze, la redescente dans le brouillard et sur le terrain glissant de 1 255 m de dénivelé d’un coup met à mal nos genoux… et notre bonne humeur. Clairement, si j’ai un jour envie de dégoûter quelqu’un de la randonnée (on ne sait jamais !), c’est ici que je l’emmènerai.
Une partie de nos compagnons de route écourtent d’ailleurs leur étape au Désert-en-Valjouffrey, où nous nous offrons le luxe d’un déjeuner au restaurant (miam, un parmentier de canard !). De notre côté, la perspective de pouvoir terminer le tour en 10 jours nous fait repartir pour la monotone ascension vers le col de Côte-Belle. Heureusement, la brume se dissipe peu après le col et laisse découvrir d’étonnantes formations de schiste. Nous voilà consolés !
Inutile de vous parler à nouveau de la catastrophe qu’est l’aire de bivouac autorisée de Valsenestre : mieux vaut passer à autre chose…
Jour 10 : du carrefour de Valsenestre au lac de la Muzelle
Nous choisissons de rester sur le GR54 classique aujourd’hui, sans passer par la variante des 3 lacs. En effet, la montée vers le col de la Muzelle, observée de loin la veille, fait de l’œil à Gaëtan.
Il faut dire que cette ascension, qui finit sur un sentier en zigzag très raide sur un éperon rocheux, mérite un passage. La vision du lac de la Muzelle et de son eau turquoise une fois en haut est la cerise sur le gâteau !
Le bon déjeuner pris sur la terrasse ensoleillée du refuge de la Muzelle nous convainc de rester profiter ici aujourd’hui. Pour la première fois du voyage, nous passons donc l’après-midi à faire bronzette à côté de notre tente. Et la soirée à fêter la fin de l’aventure autour de bières avec Élise et Pierre, rencontrés sur la septième étape. Un moment de GR comme on les aime !
Jour 11 : du lac de la Muzelle à Bourg d’Oisans
C’est avec un brin de nostalgie que nous entamons la dernière montée de ce tour des Écrins… Une fois le Col du Vallon passé, il ne nous reste plus qu’à descendre doucement vers la civilisation. Le lac de Lauvitel et son flot de touristes annonce la couleur. À partir de là, le chemin n’a plus grand intérêt, mis à part celui de profiter d’une dernière journée de marche au soleil.
Enfin, ça y est : nous arrivons à Bourg d’Oisans en milieu d’après-midi. Un dernier au revoir à Élise et Pierre, et c’est le départ. Un peu tristes, mais fiers de ce bel accomplissement, et heureux de retrouver bientôt le bonheur d’une douche, d’un lit et de repas variés !
LE TOUR DES ÉCRINS EN TREK : BILAN
Le tour des Écrins mérite sa célébrité : le massif est splendide et les récompenses à la hauteur des efforts. J’ai beau me plaindre de sa fréquentation, celle-ci reste raisonnable pour un plein mois d’août. En tout cas, j’en ressors plus motivée que jamais à poursuivre le trek, et rassurée sur ma capacité à tenir la distance !
En bref
A faire pour :
- Un parcours incontournable pour tout amateur de trek
- Des paysages grandioses au cœur du parc national des Écrins
- Un beau défi physique
Freins potentiels :
- La fréquentation qui va avec la renommée
- De nombreux passages par des villes, villages, routes et autres infrastructures qui facilitent la logistique mais diminuent l’aspect « sauvage » de la randonnée
Bonjour , j’ai vu sur les photos que vous avez fait le GR54 en chaussures basses , à priori sans corde ni piolet ni crampons .
SVP , comment peut on savoir si le col de l’Aulp Martin est à sec de neige ? A qui faut il s’adresser?. Autre question , combien de points de ravitaillement proposent des cartouches de gaz ?. Merci d’avance pour toute réponse.
Bonjour Robert,
Merci pour votre message et excusez-moi pour le délai de réponse !
Effectivement je randonne toujours en chaussures basses, je trouve que cela offre un meilleur confort (pour autant, il me semble que ce n’est pas conseillé si vous n’en avez pas l’habitude ou si vous avez les chevilles fragiles). Pas besoin de matériel d’alpinisme sur le GR54 en effet, sauf en cas d’enneigement particulier.
Pour vous renseigner sur les conditions, notamment au col de l’Aulp Martin, vous pouvez téléphoner en amont au refuge le plus proche, ou tout simplement vous renseigner auprès des gens qui font le trajet dans l’autre sens (il existe également des groupes Facebook de randonneurs sur lesquels vous pouvez poser la question). Sachant que vous pouvez très bien éviter le col par la variante.
Pour les cartouches de gaz, aucune idée désolée, nous avions pris une seule cartouche pour tout le trajet.
Très bonne soirée,
Audrey