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54 km, 3412 D+, 4 jours de traversée

 

L’après-midi est déjà bien avancée et mes épaules me font un mal de chien lorsque nous arrivons en vue du village d’Altyn Arashan, étape finale de notre trek au Kirghizstan. Le réveil à 4h du matin se fait sentir, et la splendeur de ces derniers jours est momentanément oubliée : je ne pense plus qu’à sauter dans une marshrutka pour retourner à Karakol profiter d’une douche et d’un vrai repas. Ô joie ! Des chauffeurs nous attendent justement à l’entrée.

Le prix annoncé nous paraît exorbitant compte tenu de la faible distance à parcourir. Étrangement, nos interlocuteurs se montrent inflexibles. Le gérant du camp Ecotour nous propose de rester pour la nuit, option qui ne nous emballe pas plus. Il nous fait alors attendre un moment, pour revenir flanqué de deux sexagénaires Russes : ceux-ci retournent à Karakol et peuvent nous y amener à moitié prix. C’est parti ! Pas rassurés par leur air taciturne ni par le treillis militaire de l’un d’entre eux, nous le sommes encore moins en découvrant notre carrosse, une sorte de Jeep version russe qui semble avoir survécu à plusieurs guerres et dont l’intérieur est tapissé de peaux de bêtes.

Commence alors un trajet totalement improbable. Tandis que nous nous faisons brinquebaler à deux à l’heure sur un chemin caillouteux très accidenté (le véhicule atteint parfois une inclinaison impressionnante) et comprenons mieux les prix officiels, nos hôtes se révèlent curieux et tentent d’engager la conversation. Forcément, on ne comprend vite plus rien, et nous passons l’heure de route à les écouter se bidonner en mentionnant Richelieu et Robespierre. Difficile de ne pas en faire autant sur les sièges arrière ! Les Français en prennent pour leur grade, mais nos sourires rivalisent avec celui du pin’s Smiley accroché au tableau de bord. Un joli point d’orgue sur un trek inoubliable !

Juillet 2017, 4ème jour de trek au Kirghizstan

Nos chauffeurs russes

Trek au Kirghizstan : choix de l’itinéraire

Karakol, le paradis des randonneurs et alpinistes

Alors que Gaëtan et moi sommes aujourd’hui des chantres de la préparation de nos expéditions (enfin, surtout Gaëtan), nous nous étions à l’époque engagés sur ce trek sur un coup de tête. A la recherche de grands espaces et de dépaysement, nous avions choisi le Kirghizstan parmi d’autres pays d’Asie centrale pour ses montagnes. Nous souhaitions bien entendu y randonner, mais la décision d’y réaliser un trek de plusieurs jours en autonomie ne fut prise qu’une fois sur place, sur constat que nous préférions explorer peu de régions plutôt que faire des sauts de puce dans tout le pays.

Nous resterions donc une petite semaine dans la vallée de Karakol, au nord-est du pays, pour découvrir les contreforts de l’Himalaya, et plus précisément la chaîne des Tian Shan. La ville est le point de départ de nombreux treks dans la région. L’endroit est aussi un beau terrain de jeu pour les alpinistes du monde entier !

Trek au Kirghizstan : notre parcours

Plusieurs itinéraires sont proposés dans le Lonely Planet, nous avons opté pour celui qui prenait 5 à 6 jours, au départ de Jeti-Oguz et de ses fameux « 7 taureaux » rouges vif. Pour rejoindre l’endroit, il n’y a pas d’autre choix que de prendre un taxi depuis Karakol.

Nous avons également choisi de supprimer la dernière étape du trek, une longue descente pour rejoindre Karakol, qu’on nous avait indiqué comme ayant peu d’intérêt. Nous avons donc découpé le trek en 4 étapes jusqu’au village d’Altyn Arashan, avant de reprendre un taxi pour Karakol.

Début du trek : Jeti-Oguz

Un trek relativement accessible, avec ses pièges

L’itinéraire présente de nombreux avantages pour les novices : les chemins sont larges et bien dégagés, la météo en été est clémente, les points d’eau ne sont jamais très loin, les possibilités de bivouac sont infinies, et la distance à parcourir est raisonnable.

La principale difficulté du parcours : des dénivelés abruptes

Pour autant, mieux vaut y réfléchir à 2 fois avant de s’y lancer en tant que débutant. Pour commencer, le dénivelé sur certaines étapes n’est pas anodin. Nous n’avions pas découpé notre itinéraire de manière optimale et quelques erreurs d’orientation ne nous ont pas aidé, mais nous avons par exemple grimpé près de 1400m sur notre dernier jour. Même en se débrouillant mieux, difficile d’éviter une étape à plus de 1000m en 4 jours de traversée. Étant donné que certaines portions sont complètement plates, cela donne quelques montées très escarpées… de quoi travailler les fessiers ! D’autant que l’altitude est de la partie, avec un point culminant à 3917m où l’essoufflement ne se fait pas attendre – heureusement, la vue en vaut la peine !

Mais le passage le plus impressionnant est justement à la descente de ce point culminant, pour sortir du col d’Alakol : quelques dizaines de mètres qui semblent presque verticaux (j’exagère à peine), dans des éboulis glissants. Nous en avons profité pour revoir notre technique de ski en chaussures, avec de très jolies sensations à la clé, mais cela pourrait en rebuter certains. Quand on ajoute à cela de longs pierriers, quelques passages à gué et un double rondin de bois sans protection pour simple pont au-dessus d’une rivière mouvementée (en toute fin de parcours), on comprend mieux l’avertissement du Lonely Planet.

Chevaux du Kirghizstan

Un environnement paisible et majestueux

Aigle du Kirghizstan

Mais quel qu’ait été notre niveau de fatigue, une chose est sûre : nous en avons pris plein les mirettes du début à la fin. Dans un décor alpin, le dépaysement est pourtant total. Peut-être est-ce l’aspect virginal de ces montagnes, d’où l’on ne voit aucune route goudronnée, aucun fil électrique, aucun bâtiment… et peu de touristes (ils sont presque tous Français en revanche). Sans s’être trop éloignés de Karakol, l’une des grandes villes du pays (tout est relatif), on se sent loin de tout, en pleine nature sauvage. On ne croise que quelques campements de yourtes – l’occasion d’apercevoir la faune domestique locale !

L’atmosphère est véritablement idyllique sur les parties les plus planes et verdoyantes, lorsque le chemin suit la rivière : comment se lasser du spectacle des chevaux vaquant en liberté le long du cours d’eau et des montagnes en arrière-plan ? Le contraste avec les chemins abruptes des hauteurs arides est saisissant. Le deuxième jour, l’ambiance à notre arrivée au col Teleti était pesante, les crissements de nos pas dans les névés venant troubler un profond silence. L’orage qui a éclaté lorsque nous sommes arrivés au sommet nous a vite fait redescendre vers des hauteurs plus accueillantes.

Mais le clou du spectacle est le col Alakol, en fin d’itinéraire (accessible aussi sur un trek de 2 ou 3 jours depuis Karakol, ou à la journée depuis Altyn-Arashan). A son approche déjà, la découverte du lac Alakol, d’un turquoise éclatant, est spectaculaire. Mais au sommet, lorsque l’on aperçoit au loin les monts enneigés de la chaîne des Tian Shan, le glacier qui s’écoule dans le lac, et sur l’autre versant, les éboulis qui mènent à la vallée d’Altyn-Arashan, on reste sans voix. Cette vue à elle seule justifie tous les efforts fournis pendant ces 4 jours, et reste encore aujourd’hui la plus grandiose que j’aie pu observée.

Lac Alakol, point culminant de notre trek au Kirghizstan

Trek au Kirghizstan : quelques conseils pratiques

Si ce premier trek au autonomie a pu nous paraître difficile (m’a paru difficile), ce n’est pas une fatalité. Nous avons fait quelques erreurs de débutants auxquelles il est facile de remédier !

Choisir un équipement adapté

Les sacs de randonnée premiers prix ne sont pas forcément adaptés à un trek de plusieurs jours en autonomie, nos dos n’ont pas apprécié ! D’autant que le reste de notre équipement n’était pas de meilleure qualité. Nos sacs étaient donc assez lourds. C’est le lot des débutants !

Plus problématique encore, nous n’avions également pas anticipé le froid qu’il pouvait faire la nuit… Pour ne plus passer de nuits blanches à grelotter, en plus d’un bien meilleur sac de couchage, je prévois aujourd’hui toujours des vêtements de bivouac chauds (sous-couche de ski par exemple), un bonnet et des gants au cas où.

Anticiper l’approvisionnement en nourriture

L’eau ne pose aucun problème sur ce trek. Nous avions d’ailleurs prévu de quoi la traiter. Je ne suis pas sûre que cela soit nécessaire, mais nous avons préféré être prudents.

En revanche, nous avons improvisé nos courses à Karakol sans expérience et avons regretté nos choix ensuite. Leçon retenue : la qualité des repas (autant que faire se peut) joue énormément sur le moral en trek ! Baser ses repas sur des aliments locaux jamais testés auparavant était un risque qui ne s’est pas avéré payant. Ce qui ressemblait à une saucisse cuite était en fait cru et s’est révélé immangeable… Le fromage, lui, avait la délicieuse saveur du caoutchouc. Comble du malheur : nous avions oublié la tablette de chocolat au marché ! Une erreur impardonnable que nous avons mis un point d’honneur à ne plus jamais reproduire par la suite.

Traversée d'une névé à Teleti

Orientation : assurer ses arrières

Eh oui, nous nous sommes perdus lors de ce trek au Kirghizstan. Deux fois. Et pas qu’un peu : nous avons perdu de nombreuses heures en réalisant de beaux détours ! Il faut dire que le balisage du sentier est des plus sommaires sur le parcours. Quand il n’est pas tout simplement inexistant.

À moins de chercher à observer les marmottes locales, si vous ne voulez pas nous imiter, mieux vaut vous munir d’un tracé GPS. Ou être confiant dans vos capacités à lire des cartes à la précision douteuse (les cartes que nous avions pu acheter à Bishkek datent de l’époque de l’URSS) !

Et, en cas de doute, un conseil : suivez les (rares) indications fléchées, même si lorsqu’elles sembles contre-intuitives. Je pense notamment au panneau indiquant un campement sur le 3ème jour, qu’il faut en fait suivre pour poursuivre l’itinéraire. Ou encore à la simple flèche posée en direction d’une rivière le 2ème jour, qui signifie qu’il faut franchir cette dernière (même si le sentier continue à longer celle-ci).

Éviter les orages quotidiens

Nous avons rapidement compris l’astuce. Les orages ayant tendance à arriver dans l’après-midi, il suffit d’adapter son rythme. L’objectif : avoir installé son bivouac avant 15h. Le soleil appartient à ceux qui se lèvent tôt !

Montagnes entre Karakol et Alakol

TREK AU KIRGHIZSTAN : BILAN

Une merveilleuse introduction au trek

Difficile pour moi de rester objective en évaluant ce trek ! Celui-ci m’a en effet fait découvrir une toute nouvelle façon de voyager, dont je suis devenue passionnée. Et il restera la première de nos aventures à deux !

S’il aura nécessité des efforts physiques, ceux-ci furent largement récompensés par la beauté des paysages traversés. Les conditions étaient parfaites pour que nous puissions vivre ces quelques jours comme un véritable temps de ressourcement en plein coeur d’une nature encore sauvage. Et ce, malgré la popularité grandissante de la destination.

Vous partez au Kirghizstan ? Rendez-vous aussi dans la région de Kotchkor pour une randonnée à cheval dans les steppes kirghizes !

 

 

En bref

A faire pour :

  • Les paysages somptueux
  • Juste ce qu’il faut d’organisation pour éviter de se perdre complètement et trouver du matériel
  • Encore peu de monde sur le parcours !

Freins potentiels :

  • Des pentes très raides, en montée comme en descente
  • Les nuits froides

 

Trek au Kirghizstan : infos pratiques

  • Découpage classique de l’itinéraire du trek de Jeti-Oguz à Altyn Arashan ici 
  • Une carte de la zone est disponible à l’achat à l’office de tourisme de Bishkek. Aperçu en rouge :

Carte de notre trek au Kirghizstan

  • Possibilité de louer du matériel (gaz par exemple) au centre Community-Based Tourism de Karakol, qui propose également des services de guides
  • Un droit d’entrée dans la réserve est à payer une fois sur place. Nous avions prévu un peu de cash et attendu qu’un garde vienne nous le demander.

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